mercredi 14 novembre 2007

mardi 21 août 2007

À Hesse

Méningite.
Froid percutant entre le
chaos des ambulanciers qui trimballent leur brancard et
celui des feuilles d'automne rougissantes dans les branches.

Tu n'es pas là, et pourtant c'est toute la ville qui respire du même air vicié, je devrais me sentir proche de ton souffle. Peut-être penché contre une autre fille, à la peau collante et à l'haleine de barbe-à-papa (cotton candy makes it all good), aux cheveux fins comme des comètes... Peut-être que la jalousie est une tare que l'on développe en vieillissant, une ombre qui surgit de gènes qui hier encore étaient en latence?

Tu peux les embrasser toutes, les aimer toutes, mais, s'il te plait, ne m'oublie pas.

Je ne vis pas pour les accents du téléphone qui ne sonne que trop rarement, je ne travaille pas dans l'espoir toujours de te retrouver entre deux stations de métro, je ne pense pas mes journées entières en fonction de ne pas te réveiller avec ce décalage horaire futile, tu n'es pas le centre de mes préoccupations, je sais très bien vivre seule, tu ne me manques pas une seconde.

Sauf que.

Sauf que rire sans toi, ce n'est pas de la rigolade.
Sauf que boire du rhume qui éclate sur les trottoirs sans tes caresses et tes sourires, ce n'est pas terrible non plus.
Sauf qu'errer dans les rues sans t'y voir, c'est calvaire et torture gastrique.
Sauf qu'une chambre sans ton t-shirt jeté au large ni tes brouillons étendus au sol, ce n'est pas une chambre pour moi.

Dans trois ans, quand la science aura fait ses preuves sur la passion que nous vivons, quand tu auras vu que je ne possède pas les gènes nécessaire à la reproduction de ta descendance, quand les théories des bestsellers sur l'anéantissement de Vénus par Mars ou le contraire peut-être auront raison de nous, voudras-tu toujours que nous allions manger quelque chose de gras ensemble, dans un MacDo pas paumé du tout, genre celui de Barcelone quand on sort au bout de l'avenue du Marché?

C'est encore drôle...

... que la rigueur soit plus félicitée que le talent,
que l'Art passe à côté du quotidien pesant, de la chronique voyeuriste...
c'est encore drôle.

Tu m'étonnes.

Je vais commencer à vous raconter les histoires de mes sous-vêtements trop confortables, de mes problèmes de peau, pour que vous vous attachiez à moi et que vous commenciez à voir combien je suis humaine, typiquement humaine, lambda à souhait... ça risque d'être plus intéressant.

Je vais vous dire que je viens de parachever mon horaire de cours pour Sciences po et philo. Le nom de tous mes professeurs. Oui, je vais vous parler de mes voisins qui ont perdu leur père et qui festoient comme des dingues, depuis, avec l'héritage.
Peut-être que la poésie n'a plus sa place?
Peut-être qu'il faut s'adapter à son époque, et que l'époque veut des béquilles, du sang quotidien, des histoires de zinc...

Peut-être que si je vous parlais de ma vie amoureuse, ce serait l'extase, ici-bas. Parce que l'amour, le désir les cros les étreintes et le plaisir viril de la séduction ne sont-ils pas le propre de l'humain? On ne pense qu'à baiser

Nous sauverons la planète un autre jour, en attendant, il faut la gaver de péripéties nubiles.
Et en raconter tous les heurts.
Ça, c'est ce que m'a appris la Saga. Avec un peu d'imagination, on écrira
"sage".

samedi 18 août 2007

Audio mat' (sale insomnie)


Hommage au temps qui passe

Je ne suis pas palliatif
lucide au langage au bruit des os
qui craquent qui bougent qui rugissent

Entre autre
Entre d'autres
femelles au ventre aussi gonflé que mes
chevilles de paresseuse
de sale menteuse
de strip-teaseuse
je sais qu'on peut me reconnaître à mes paumes
tournées vers le ciel
vers le vide
car je ne crois pas en la réincarnation de l'homme


Photographie: Moi

Recyclage (écriture du 15 août 2006)


Sur la route, les idées presque translucides à cause des phares de l'automobile cyan qui double trop lentement, lumière qui surplombe la tête, crash programmé pour l'an 2000, nous n'existons que par procuration, c'est agréable de ne pas être. Je suis partie de trop loin pour parler de souvenirs qui pourtant ne remontent qu'à hier, ou peut-être qu'en existant plus, le temps s'est figé comme la langue d'Annik sur les glaces roses, elle prenait toujours les roses, l'été chez nos grands-parents. Peut-être que ça ne sert vraiment plus à rien de lire La Théorie du Chaos, parce que comprendre au dehors du temps, c'est un peu le perdre. Tant pis pour le temps gâché, mâché, mastiqué et revomi sur bloc-note. Je suis présente, pédante et j'ai envie de m'affranchir. On me fera l'amour avec les yeux et j'irai faire voir tous ses enfoirés. À reluquage, reluquage et demi. "Vous êtes tous des gros merdeux", ça remonte à cet après-midi, dans l'autobus de ville, j'étais debout avec Louis, l'autobus était bondé parce que les fonctionnaires venaient de terminer leur journée de travail.

Que peut-on contre les fontionnaires? Ils sont là, fidèles, on en parle comme on parle du métier de professeur, qui en sait réellement quelque chose, on rit des formalités et des imprévus, de n'importe quoi, de préjugés, en somme. "VOus êtes tous de gros merdeux" parce qu'en parlant assez fort contre l'inaction des gens envers le conflit au Proche-Orient, en parlant de l'absence de la Harpe nationale au Congrès contre le SIDA, personne n'a réagi. Peuh.

Là, perdue, mon esprit dira de me taire, de traiter mon coeur avant celui des autres. Ma pyramide de Maslow inclue tous les démunis de la terre, il faut qu'ils soient bien avant de pouvoir accéder au stade supérieur, tous ensemble. On m'a toujours dit que j'avais tout. La santé, l'éducation, un toit une famille, etc. Ainsi, ai-je droit de pleurer? Ai-je droit à la tristesse, alors que d'autres n'ont rien? Je ne sais plus. Peut-être faut-il accéder aux problèmes profonds sans contours ni détours, en fonçant, le chemin le plus court entre deux points est l'hypothénuse. Atchou, à mes souhaits, hamdouallah.

Bonne nuit.

4ème arrondissement

On dirait un chat, un félin élastique qui, à l'orée de la nuit, aurait décidé autrement des traces à laisser.

Je ne souhaite plus jamais regretter mes gestes- mais la frustration de ne pas être lucide, mais la frustration de ne pas être entièrement a de quoi rendre FOLLE.

T
O
M
B
E
R DES
N
U
E
S

Santé, aurore grimançante!
Santé, pampas trop humide, moustiques avenants, gare de Lyon, traumatisme de la surdité!
Santé!

Et le sable post arrivage et les nuques et l'haleine de sucre de lait de chocolat et les parvis un peu trop vieux et les regrets et l'abandon
et les sourires et les sandales et le nom de villes qui ne veulent rien dire et les lèvres de trop et celles de moins et les solos de guitares et les phoques et la solitude et l'errance

Ne pas savoir où aller.
Ne pas savoir où dormir.

102 trois heure moins 20

Paul-Marie Lapointe



kimono de fleurs blanches de fleurs roses la
nuit porte des oranges dans tes mains je voudrais
que nous mourions comme le jour puisque
jamais nous ne pourrons retrouver ce petit cab qui
nous menait dans le fond de la mer bouche de
truite rouge repaire parfumé dans les coraux et
les éponges qui nous examinaient avec leur regard
nombreux tu les chassais avec cette moue de
framboise écrasée le vent qui passait courant
de cuivre et de parfums nous avions fait pousser
un géranium dans la coupe d'une moule assassi-
née dans tes oreilles des papillons coloraient nos
musiques inventées par les lèvres du mirages englouti
d'une ville un grand fauteuil baroque s'en venait
à la dérive de grand'mère à lunettes ovales et
cette étoile de frisson qui montait sur ta jambe gau-
che le long du mollet sur le genou dans le
creux de la cuisse mais soudain comme toute la
mer a disparu et le sel des cheveux et le jour
qui va paraître et qui est plus vide que le reste du
monde



Paul-Marie Lapointe (poème tiré du recueil Le vierge incendié, écrit à l'âge de 18 ans)



P.S.: La beauté existe encore.

Photographie: Christopher Wray-Mccann