mardi 21 août 2007

À Hesse

Méningite.
Froid percutant entre le
chaos des ambulanciers qui trimballent leur brancard et
celui des feuilles d'automne rougissantes dans les branches.

Tu n'es pas là, et pourtant c'est toute la ville qui respire du même air vicié, je devrais me sentir proche de ton souffle. Peut-être penché contre une autre fille, à la peau collante et à l'haleine de barbe-à-papa (cotton candy makes it all good), aux cheveux fins comme des comètes... Peut-être que la jalousie est une tare que l'on développe en vieillissant, une ombre qui surgit de gènes qui hier encore étaient en latence?

Tu peux les embrasser toutes, les aimer toutes, mais, s'il te plait, ne m'oublie pas.

Je ne vis pas pour les accents du téléphone qui ne sonne que trop rarement, je ne travaille pas dans l'espoir toujours de te retrouver entre deux stations de métro, je ne pense pas mes journées entières en fonction de ne pas te réveiller avec ce décalage horaire futile, tu n'es pas le centre de mes préoccupations, je sais très bien vivre seule, tu ne me manques pas une seconde.

Sauf que.

Sauf que rire sans toi, ce n'est pas de la rigolade.
Sauf que boire du rhume qui éclate sur les trottoirs sans tes caresses et tes sourires, ce n'est pas terrible non plus.
Sauf qu'errer dans les rues sans t'y voir, c'est calvaire et torture gastrique.
Sauf qu'une chambre sans ton t-shirt jeté au large ni tes brouillons étendus au sol, ce n'est pas une chambre pour moi.

Dans trois ans, quand la science aura fait ses preuves sur la passion que nous vivons, quand tu auras vu que je ne possède pas les gènes nécessaire à la reproduction de ta descendance, quand les théories des bestsellers sur l'anéantissement de Vénus par Mars ou le contraire peut-être auront raison de nous, voudras-tu toujours que nous allions manger quelque chose de gras ensemble, dans un MacDo pas paumé du tout, genre celui de Barcelone quand on sort au bout de l'avenue du Marché?

2 commentaires:

Samuel Florin a dit…

(Je ne connais pas encore le McDo de Barcelone. Il faudra m'y emmener.)

Henry Miller était comme moi tu sais ; il s'est lassé de sa femme, de June... mais pas de l'autre Anaïs que nous connaissons bien.

Bientôt, je vais franchir l'Atlantique. Et le plus beau, c'est que je n'ai jamais hésité à la faire.

Anonyme a dit…

Je trouve ce texte très touchant, vraiment.